Cet article sur la pêcherie est un condensé de l’ouvrage de Florence Forni et Andréa Guérin « Les pêcheries de la Côte de Jade » le livre est abondamment illustré et précisément documenté. Notre nouveau décor mural “Pêcherie de la côte Atlantique” est maintenant bien documenté.
A l’origine le mot Pêcherie désigne une pratique de pêche bien différente de celle que l’on imagine aujourd’hui avec la pêcherie au carrelet. Avant notre classique pêcherie, il était plus courant de parler de l’écluse à poissons ou écluse de mer.
C’était une installation fixe destinée à la capture du poisson à marée descendante. Les premières écluses apparaissent plusieurs millénaires avant JC. Le piège à évolué au fil du temps. Sur la façade Atlantique, ce sont majoritairement des parcs en pierres laissant plus de vestiges sur le littoral, certaine datant du moyen âge. Aujourd’hui sur la Côte de Jade il reste des écluses en pierres visibles à marée basse.
Une pêche ingénieuse
Le fonctionnement du piège est assez simple, à marée haute, le mur de l’écluse est submergé et les poissons peuvent entrer sans problème. Lorsque la marée est descendante les poissons restent prisonniers dans le parc de pierre.
Différentes espèces de poissons seront pêchées avec ce dispositif : mulets, maquereaux, soles, sardines, bars … Le pêcheur équipé d’un filet et de sabre en fer à l’extrémité recourbée ou de harpon à deux brins, n’avait plus qu’à capturer les poissons. Cette pratique de pêche est soumise à une réglementation stricte depuis le moyen Âge. Aujourd’hui il ne reste que des vestiges de ces écluses, les tempêtes, l’envasement, les marées et le changement de mode de vie ont contribué à leur disparition. Sur la Côte de Jade, 120 écluses sont encore visibles.
Nos pêcheries existantes, dont l’appellation est « pêcherie fixe sur estacade » sont issues du filet de pêche que nous appelons carrelet. Ce filet était utilisé jadis à l’extrémité d’une perche de bois. Cette technique de pêche au carrelet à pied ou en
bateau était physiquement très éprouvante et peu efficace. Au début du XX siècle, certains pêcheurs choisissent d’optimiser l’utilisation du carrelet en l’installant à des endroits fixes de la côte. Des mâts de support en bois vont commencer à investir les emplacements les plus faciles à exploiter : quais, digues, avancées rocheuses surplombant la mer…
Les premières constructions sur pilotis
Au fil du temps cette technique de pêche au carrelet se sédentarise et se perfectionne. Pour profiter efficacement du dispositif, certains aménagent des installations plus complexes sur ponton, afin de surplomber la mer. La construction, située à quelques mètres du rivage, est composée de pilotis ancrés dans le sol, sur le rocher ou dans le sable. Les pilotis supportent une plateforme assurant la sécurité du ou des pêcheurs. On rejoint la plateforme à marée base par une échelle. Ces premières pêcheries rudimentaires n’accueillent pas encore de cabane, car trop fragiles.
Durant une période les pêcheries vont faire réagir les associations et organismes touristiques qui considéraient quelles dénaturaient le paysage de la côte. L’usage du béton pour la construction des pêcheries n’était pas apprécié par les syndicats de propriétaires des communes de Pornic et Saint-Brévin, pour ne citer qu’elles.
Il est vrai qu’à l’époque les aménagements ne sont pas vraiment gracieux car aucune réglementation n’existe pour harmoniser les constructions.
Les premiers carrelets sur ponton furent principalement des carrelets de notables, entretenus par un pêcheur à la retraite ou un paysan local qui profitait de la pêcherie en l’absence du propriétaire. En 1945 les pêcheries avaient un rôle de pêche de subsistance, car les réserves alimentaires qu’elle procurent sont non négligeables avec la pénurie.
Après-guerre, elles se sont développées sur nos côtes et chaque avancée sociale favorisera sa démocratisation. L’engouement pour ce type pêche au carrelet augmente dans les années 1950 à 1960, la structure évolue et va atteindre son apogée dans les années 80 avec l’apparition d’abris sur la plateforme. Ce n’est plus seulement la pêche en elle-même qui motive le propriétaire car la cabane de pêche devient un lieu de partage et de convivialité avec les amis et la famille.
La démocratisation de la pêche au carrelet
La pêcherie devient un espace de loisir avec en supplément le confort d’une petite résidence. Ensuite elles ont perdu de leur attrait avec l’apparition de nouveaux loisirs nautiques. Aujourd’hui, on réalise qu’elles étaient liées au paysage côtier, elles ont au fil du temps gagnées leur appartenance au patrimoine de notre région. Le renouveau des pêcheries au carrelet est bien présent ses dernières années. Les pêcheries au carrelet peuvent également habiller vos murs, venez-voir !